15 mars 1818, Eugène LOBET vient de naître. Son père ne viendra pas en mairie le déclarer, c’est un agent de santé qui le fera le 16, Xavier CHAUMONT. Nicolas étant aubergiste à ce moment-là on peut supposer qu’il a eu un empêchement ou qu’il s’occupait de sa femme suite à un accouchement difficile.

Eugène est le 3ème enfant d’une fratrie de 6. Avant lui ont vu le jour Victoire (en 1812) et Hipolite (en 1814), le suivront Adelle (en 1820) Marie Thérèse (en 1823) et enfin Jules (en 1827). Comme tous les jeunes du village, à l’âge de 20 ans Eugène se retrouve sur les listes pour le tirage au sort. 59 ! Comme le futur numéro du département du Nord, mais cette fois c’est le numéro que tire Eugène. De sa fiche dans le registre (Cote 1 R 472), il est possible de faire plusieurs observations :
- Une petite erreur s’est glissée dans la fiche puisque la date de naissance est notée au 16 au lieu du 15 mars, le 16 étant la date d’enregistrement comme vu plus haut.
- Eugène n’est pas très grand, il mesure 1m675 (C’est précis hein ?) et il a les pieds plats.
- Le surnom d’Eugène est « Colau » qui en patois ch’ti a 3 significations possibles :
-
- « Pigeon », pas très étonnant lorsque l’on sait que la région regorge de coulonneux (colombophiles). Était-il lui-même un éleveur durant son adolescence ?
-
- « Coq », celui en haut du clocher de l’église. Était-ce en référence à un poste haut placé ?
-
- « Geai », l’oiseau qui pique le nid des autres. Est-ce en référence à un achat de maison ?
Pour le savoir avec certitude, il serait nécessaire de remonter le temps jusqu’à Eugène ce qui n’est bien entendu pas possible.
À partir de ce numéro de tirage au sort, la liste alphabétique (1 R 779) donne le numéro matricule de conscrit dans le contingent, 1923, qui permet d’accéder à la fiche individuelle d’Eugène. Cette dernière livre une description physique :
Physique | Description |
Cheveux | Châtains |
Yeux | Noirs |
Sourcils | Noirs |
Front | Rond |
Nez | Gros |
Bouche | Moyenne |
Menton | Rond |
Visage | Ovale |
Teint | Coloré |
Marques Particulières | Plusieurs tâches naturelles sur le visage |
Il est également noté qu’Eugène était maréchal à cette période. Cependant l’information la plus importante de ce document (hormis le surnom) est certainement le fait qu’Eugène ait été remplacé par Mathieu WENDLING, fils de Mathieu et de Barbe SCHEER. Celui-ci est né le 30 août 1812 à Minwersheim, dans le canton d’Hochfelden dans le Bas-Rhin. Il fut envoyé au 50ème de Ligne d’après les notes prises le 17 janvier 1840 et confirmées le 26 février 1840, sous le numéro définitif 10574.

Au moment où j’écris ces lignes le site des Archives Départementales du Bas-Rhin rencontre quelques problèmes, je dois donc me contenter des documents déjà en ma possession pour vous parler de Mathieu. Je n’ai pour le moment pas trouvé de descendance pour Mathieu ni d’épouse.

Ceci s’explique peut-être par un séjour en prison dont il n’est jamais revenu. En effet, Mathieu est décédé à l’âge de 40 ans, célibataire à la prison d’Ensisheim (Haut-Rhin). ainsi l’infirmier major et gardien à la maison centrale de détention, BRUEWILLER Joseph, et ANCEL Jean Charles, gardien au dit établissement, qui ont déclaré le décès en mairie.

Pour parler de la décision de remplacement. Je n’ai à ce jour pas mis la main sur un document entre les deux familles (ce document était-il systématiquement rédigé concernant le remplacement ?). Cependant, sur la fiche matricule d’Eugène on peut clairement lire « Pieds plats » comme je le disais précédemment, ce qui explique peut-être qu’il n’ait pas réalisé son service.

Dans le livre « Répartition en France des infirmités susceptibles d’entraîner l’exemption du service militaire. Etude de géographie et de statistique médicales » par Du Cazal, il est possible de trouver une carte de France représentant la répartition nationale pour cette infirmité :

Pour revenir à mon ancêtre Colau, j’ai toujours à l’esprit sans trop savoir pourquoi la dernière réflexion sur la signification de ce surnom car si on ne reste pas bloqué sur le côté négatif du geai voleur de nid et qu’on regarde le patrimoine d’Eugène et sa future épouse Améline LAROSE, on observe que sans être dans l’opulence ils semblaient avoir un train de vie confortable. En effet, en consultant les tables de successions et absences (Cote 3 Q 541bis/04) j’ai pu accéder aux déclarations de mutation par décès (Cote 3 Q 542/82) pour chacun des époux. Celle d’Eugène fut rédigé par Maître Vital COLLET et celle d’Améline le fut par Maître Henri THOMAS, tous deux clercs de notaire demeurant à Wignehies (59). En effectuant un relevé comparatif pour ces deux documents, on observe en effet qu’ils sont propriétaires de plusieurs maisons et pâtures. Au total c’est environ 8ha de pâtures et 2 ou 3 maisons, sans compter les immeubles de la dot d’Eugène, répartis comme suit :
Eugène |
Améline |
|
Constructions élevées sur pâture au lieudit Saint-Gorgon (1ha 56a 19ca) |
X |
|
Immeubles constitués en dot (avancement d’hoirie) [Ces immeubles seront détaillés lors de l’étude du contrat de mariage d’Eugène Norbert.] |
X |
|
Pâture au lieudit Par-delà l’Étang (1ha 72a) |
X |
X |
Pâture au lieudit Par-delà l’Étang (1ha 45a 40ca) |
X |
X |
Pâture au lieudit La Fourche (1ha 04a 60ca) |
X |
X |
Pâture au lieudit Courtil Thomas (2ha 03a) |
X |
X |
Pâture au lieudit Saint-Gorgon (1ha 01a 27ca) |
X |
X |
Maison au lieudit Le Petit Canton (7a 14ca) |
X |
X |
Pâture au lieudit Par-delà l’Étang (1ha 66a 84ca) |
X |
X |
Maison avec pâture au lieudit Saint-Gorgon (1ha 56a 19ca) |
X |
|
Maison de ferme au lieudit Le Petit Canton (15a 07ca) |
X |
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Pâture au lieudit Pré Saint Nicolas près de Milourd (1ha 05a 56ca) |
X |
Et vous ? Quelle serait votre hypothèse sur son surnom ?
[Image à la Une : © http://audevard.aurelien.free.fr/]
pour ma part je penche pour le geai, c’est l’explication la plus rationnelle .
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